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 Pourquoi je vais passer le jour de l’an 2010 à Gaza ?

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Rejwa
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Pourquoi je vais passer le jour de l’an 2010 à Gaza ? Empty
MessageSujet: Pourquoi je vais passer le jour de l’an 2010 à Gaza ?   Pourquoi je vais passer le jour de l’an 2010 à Gaza ? EmptySam 19 Déc - 10:26

De Pierre Thivend
thivend.pierre@orange.fr



A ma famille, mes proches, mes amis, mes connaissances,
A celles et ceux que je rencontre dans les engagements de solidarité Nord-Sud, auprès des étrangers et des demandeurs d’asile, dans les missions d’observation des comparutions immédiates,…

Aux élu(e)s, aux médias…



Pourquoi je vais passer le jour de l’an 2010 à Gaza.



Avec une quarantaine d’autres lyonnaises et lyonnais,

Avec près de 500 françaises et français,

Avec plusieurs milliers d’hommes et de femmes du monde entier : Etats-Unis, Canada, Europe, Asie, Afrique…,

Je vais participer à la "Marche pour la liberté de Gaza" ("Gaza Freedom March") les 31 décembre 2009 et 1er janvier 2010.



Il y aura deux marches :

- L’une partira de Jérusalem avec les israéliens anticolonialistes, les palestiniens israéliens et des internationaux, pour tenter d’entrer au nord de Gaza par le "check point" d’Erez (voir carte en annexe),

- L’autre partira d’Egypte pour traverser la bande de Gaza jusqu’à ce point de passage d’Erez et tenter la jonction avec l’autre marche.



Je participerai à la marche, côté égyptien.



Il y a juste un an, Israël perpétrait des crimes de guerre et sans doute des crimes contre l’humanité, d’une violence et d’une barbarie incroyables et inimaginables sur une population d’un million et demi de civils soumis depuis deux ans à un blocus impitoyable et qui dure toujours.

- Des associations reconnues pour leur indépendance et leur sérieux : Amnesty International, Human Rights Watch, le PCHR (Centre Palestinien des Droits Humains)…,

- Le rapport de la commission spéciale de l’ONU, présidée par le juge sud-africain (qui se dit sioniste) Richard Goldstone,

ont qualifié sans aucune ambiguïté ce qui s’est passé et exigent, après enquêtes indépendantes et approfondies, des sanctions contre les responsables des massacres.



► Nos gouvernants occidentaux se sont abstenus de voter une résolution contraignante pour Israël, ou se sont même prononcés contre.

► Timidement, ils demandent bien la levée de ce blocus qui continue aujourd’hui, empêchant la reconstruction des maisons, des écoles, des hôpitaux, des bâtiments administratifs détruits l’an passé, mais ne font aucune pression sur Israël ; pire, ils rehaussent les relations économiques, culturelles, scientifiques et même les relations militaires avec Israël, considérant cet état comme "un partenaire naturel" (Javier Solana, haut représentant de l’Union Européenne pour sa politique étrangère et de sécurité commune).



► Je vais à Gaza, petite voix parmi les milliers de celles représentant la société civile mondiale, pour exiger la levée de ce blocus.

► Je vais à Gaza pour tenter d’attirer l’attention des médias au moment des fêtes de fin d’année, afin qu’ils montrent ce blocus et ses effets sur la population de Gaza : sa sous-alimentation, sa privation de soins, d’éducation… pensez qu’Israël interdit l’entrée à Gaza des crayons, des cahiers, des biberons, des tétines, des jouets, des couvertures, des matelas, des semences et produits vétérinaires…

► Je vais à Gaza aussi pour rencontrer ce peuple meurtri et lui dire que la population française, dans sa très grande majorité, n’accepte pas les conditions qui lui sont faites.

► Je vais à Gaza aussi pour témoigner à mon retour de ce que j’aurai vu, ce que j’aurai ressenti, ce qu’on m’aura expliqué, et partager avec vous les analyses qui s’imposent, les actions à mener…

► Je vais à Gaza pour que s’amplifie, ici à Lyon comme ailleurs, le soutien à ce peuple jusqu’à ce qu’il obtienne enfin le droit de disposer de lui-même, sans blocus, sans occupation, sans contrôle par Israël de son espace terrestre, maritime, et aérien, sans mainmise de ce même Etat sur son administration, son état-civil… bref jusqu’à son INDEPENDANCE.



En avançant toutes ces raisons, je vous parais sans doute bien prétentieux et même quelque peu imprudent.

Celles et ceux qui me connaissent bien, savent que la Palestine tient une place particulière dans ma vie, mes pensées, mes réflexions et mes engagements depuis les années 60. Dans ma jeunesse, j’ai célébré l’Etat d’Israël, avec ses kibboutz : une humanité nouvelle, égalitaire et solidaire, j’ai dansé les danses folkloriques israéliennes (j’ai su plus tard, bien plus tard, que c’étaient des danses palestiniennes revisitées pour le projet sioniste) et puis la guerre d’Algérie, que je n’ai pas faite, a formé ma jeune conscience politique contre tout colonialisme.

Israël est un état colonial ; il ne pourra durer dans le temps long de l’histoire que s’il s’intègre dans son environnement. Le véritable service que nous pouvons apporter aux israéliens pour qu’ils ne soient pas rejetés de cette partie du monde, c’est de leur ouvrir les yeux à cette réalité.

Je ne suis pas sorti de France, à l’exception des pays limitrophes, depuis plus de 30 ans. J’aurais voulu consacrer mon 1er voyage lointain à la Corée en raison de l’histoire de mes enfants. La guerre de Gaza et cette marche bousculent mon programme. Je le ressens comme une nécessité intérieure : c’est maintenant et pas demain que je dois accomplir ce geste. On ne nous laissera peut-être pas entrer à Gaza, tant l’emprise d’Israël sur l’Egypte est grande. Peu importe, si on parle partout dans le monde de cet insupportable blocus.



Mon père, ma compagne, certains autres de mes proches sont inquiets pour moi ; ils craignent qu’il m’arrive quelque chose. Il est vrai que les palestiniens nous sont présentés le plus souvent avec un couteau entre les dents, ou plutôt une kalachnikov dans les mains, surtout le Hamas, diabolisé comme "organisation terroriste" par les responsables israéliens et occidentaux, alors que jamais il n’a mené d’actions violentes en dehors d’Israël/Palestine (en droit international c’est de la "résistance légitime à l’occupant"). Nombre de mes amis ont participé et participent à des missions de protection du peuple palestiniens (plus de 150 missions françaises ont eu lieu depuis 2000 en Palestine occupée) ; ils s’interposent fréquemment entre les villageois palestiniens sans armes et l’armée israélienne d’occupation ou les colons israéliens armés et fanatisés. Ils ont couru et courent des risques bien plus grands que ceux que nous aurons à affronter à Gaza.

Nous allons sans doute nous trouver dans un confort rudimentaire au milieu des ruines qu’Israël empêche de relever ; nous aurons à subir le manque d’eau potable, la pollution chimique et nucléaire résultant des frappes militaires de l’hiver dernier ; mais notre exposition à ces risques n’aura rien à voir avec celle des gazaouis, littéralement enfermés dans ce réduit.



J’arrive au Caire le 27 décembre au soir. Dans la nuit, avec mes amis de l’AFPS (Association France Palestine Solidarité) en bus nous rejoindrons, dans le Sinaï, El Arish à plus de 500km du Caire. Le 28 décembre nous nous présenterons à la frontière au point de passage de Rafah, à une quarantaine de km de cette ville. Si l’armée égyptienne nous refuse le passage nous reviendrons coucher à El Arish et chaque matin nous retournerons à Rafah jusqu’à ce qu’on nous laisse traverser la frontière. A Gaza nous serons accueillis et pris en charge par le PCHR (Palestinian Center For Human Rigth), l’équivalent de la Ligue des Droits de l’Homme chez nous ; il nous mènera dans les zones les plus dévastées par l’invasion israélienne. Le 31 décembre nous marcherons pour rejoindre le Nord de Gaza jusqu’au point de passage avec Israël à Erez, à 40 km de Rafah. Symboliquement, pendant le séjour à Gaza, nous participerons aussi à diverses activités comme la plantation d’arbres dans des zones agricoles détruites par Israël et nous reviendrons en Egypte le 2 janvier.



J’espère que vous pourrez suivre à distance cette "Marche pour la liberté de Gaza"

J’enverrai des nouvelles par courriel en demandant à celles et ceux qui les recevront de bien vouloir les diffuser dans leurs réseaux. Vous pourrez aussi consulter tous les jours le site : www.urgence-gaza.com ; chaque jour, en effet, nous mettrons sur ce site des vidéos, des photos, des reportages, des infos sur notre action.



A bientôt le plaisir de partager des moments forts, car à notre retour nous prévoyons déjà des soirées témoignages.



En attendant, je vous présente, dès aujourd’hui, mes vœux pour 2010, dans l’espérance d’un monde plus respectueux de l’Homme.



Villeurbanne le 17 décembre 2009



Pierre Thivend



ANNEXE


Gaza est une bande de terre étroite de 365km² (40km de long, 8 à 10km de large) peuplée de 1,5 million d’habitants, soit une densité moyenne supérieure à 4 000 habitants/km², l’une des plus élevée au monde.


Note 1 : au Nord : Erez, point de passage très restreint pour diplomates, internationaux et un nombre très limité de malades palestiniens (passage garanti pourtant dans les accords d’Oslo vers la Cisjordanie, mais jamais appliqués).

Note 2 : à l’Ouest : port de Gaza toujours en projet, toujours interdit par Israël malgré les accords.

Tout au long de la côte, Israël limite l’accès en mer à 400m des côtes pour les pêcheurs.

Note 3 : à l’Est : point de passage de Karmi, principal terminal pour les marchandises, aujourd’hui fermé (sauf quelques tonnes de fourrage et de céréales).

Tout au long de la frontière avec Israël, zone tampon de 500m. à 1km, interdisant toute culture et présence humaine.

Note 4 : au centre de la bande de Gaza : centrale électrique, en partie détruite en décembre 2008 ; son fonctionnement est limité en raison surtout du blocus israélien sur le fioul.

Note 5 : au Sud : Rafah, le seul point de passage avec le monde extérieur pour les Palestiniens de Gaza, selon le bon vouloir d’Israël et de l’Egypte.

Tout le long de la frontière avec l’Egypte, plus de 1 000 tunnels, dispositifs très précaires, au grand jour coté palestinien, servent surtout aux approvisionnements de survie.

Note 6 : tout au Sud : l’aéroport construit après les accords d’Oslo, financé par l’Europe, détruit par l’armée israélienne en 2001 et jamais reconstruit.

Note 7 : à coté de l’aéroport : point de passage de Karem Shalom : terminal de faible capacité, le seul aujourd’hui pour l’aide humanitaire.
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